CORTEX
Ella ne dit pas que c’est vrai, elle dit qu’elle s’en souvient… Le temps d’une inspiration, Ella plonge en apnée dans son passé. Trois fois rien, un pot de confiture, quelques photos, l’odeur d’un vieux foulard pour qu’une porte s’ouvre et qu’une avalanche d’émotions l’assaillent. Prise à la gorge, Ella danse avec ses souvenirs, valse avec ses fantômes, tente une réconciliation, avec les siens, avec elle-même, avec l’enfant qu’elle a été.
ENGLISH
Ella doesn’t say that it’s true, she says she remembers… Ella takes a deep breath in, and dives into her past. All it takes is a jar of jam, a few photos, the scent of an old scarf, and the doors swing wide open for emotions to flood in. Ella dances with her memories, waltzes with her ghosts, attempts to reconcile with her ones, with herself, with the child she was.
A PARTIR DE 8 ANS
Création collective
Bénédicte Mottart, Coralie Vanderlinden, Philippe Lecrenier et Martin Mahaux
Mise en scène
Baptiste Isaia
Avec
Philippe Lecrenier
Bénédicte Mottart
Coralie Vanderlinden
Lumières
Damien Zuidhoek
Régie
Amélie Dubois
Photos
Marie-Hélène Tercafs
Une pièce de la Compagnie3637, Coproduite par le Centre Culturel Jacques Franck
Avec l´aide du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service de la Danse
Rédigée par Gilles Abel
Prenons l’exemple d’un chat qui miaule pour demander à manger.
Dans notre cortex, L’aire visuelle primaire va identifier une série de lignes, de courbes et de taches de couleurs grises, rousses et blanches. L’aire visuelle secondaire va organiser ces éléments disparates en un objet immobile gris, roux et blanc. La zone d’intégration visuelle va reconnaître cet objet comme étant un chat assis. Parallèlement, l’aire auditive primaire va capter un certain nombre de fréquences ; l’aire auditive secondaire va organiser ces fréquences pour obtenir un son avec un timbre et une tessiture précises. L’aire d’intégration auditive va reconnaître un miaulement. L’aire d’association pariétale va identifier un chat qui miaule. Avec l’aide du lobe temporal, il va identifier le chat et la nature du miaulement. Tous les éléments du chat sont maintenant identifiés.
Définitions lexicographiques et étymologiques de
« Cortex » du TLFi, sur le site du CNRTL
Qu’est-ce que la mémoire ? Comment se souvient-on ? La mémoire n’est-elle tournée que vers le passé ? Comme s’opère ce tri entre ce que le cerveau va archiver et ressortir au besoin, et ce qu’il laissera engloutir dans ses tréfonds ? Pourquoi se rappelle-t-on davantage de certaines choses comme importantes et d’autres comme négligeables ? Pourquoi certains souvenirs sont-ils parfois fragmentaires et incomplets ? Pourquoi un son, une odeur, une couleur sont-elles parfois des déclencheurs de souvenirs, parfois puissants ? Pourquoi la mémoire est-elle une boussole qui nous accompagne toute notre vie durant ? Telles sont quelques-unes des questions que soulève la notion de mémoire. Autant de questions qui forment la matière première de Cortex.
Or, étymologiquement, le mot « cortex » signifie écorce. A savoir, traditionnellement, ce revêtement extérieur du tronc, des branches et des racines des arbres. Par extension, cette écorce désigne tantôt la peau épaisse de certains fruits, notamment des agrumes, tantôt l’écorce terrestre. Chez l’être humain, le cortex désigne cette succession de couches qui entoure et protège notre cerveau et qui constitue le siège de nos perceptions et – notamment – de notre mémoire. Niché au cœur de nous- mêmes, il est à la fois le lieu de nos souvenirs mais aussi ce « disque dur » qui constitue le socle de nos vies et nous permet d’avancer. Le cortex cristallise donc cet entrelacs d’expériences, cet épiderme des souvenirs, ce tissu de vécus qui constitue le filigrane de nos existences passées. Et de celles à venir.
« Inviter l’enfant à vivre des sensations corporelles et émotionnelles. »
Nourrie de cette polysémie, La compagnie 3637, s’en est emparée pour construire un spectacle mêlant danse, théâtre et performance. En explorant la notion de mémoire, la compagnie se propose d’arpenter ce concept. En privilégiant une approche tournée vers les sens plutôt que vers l’intellect, Cortex invite le spectateur à se laisser emmener dans un singulier périple. Dans celui-ci, la mémoire se voit décliner en couches successives, qui font appel à des sensations, des souvenirs, des sons et des images. Quand bien même le spectateur trouverait l’invite atypique, il convient pour lui de prendre son temps et de laisser le spectacle infuser en lui. S’il s’affranchit du besoin de comprendre, il lui sera possible de partager ce périple dans les continents de la mémoire.
« Inviter l’enfant à ne pas chercher la bonne réponse. Toutes les interprétations sont bonnes. »
Tantôt halos, tantôt tâches de lumières furtives, entre bourrasques et tumultes, les mouvements de Cortex fonctionnent alors comme autant de stimuli. Ceux-ci invitent le spectateur à questionner ses propres perceptions de la mémoire, en se projetant dans l’orbite de ses propres souvenirs. En outre, en abordant la mémoire par le biais de la danse, Cortex expérimente également la façon dont le corps se souvient de manière physique. Un mélange de gestes très quotidiens et d’une danse profondément organique nous permet de plonger directement au cœur des émotions et des sensations. L’univers dans lequel on rentre ne s’explique pas, mais il fait bel et bien partie de notre bagage à toutes et à tous. Un bagage tourné vers le passé, mais également vers l’avenir. Car la mémoire nous permet d’aller de l’avant, étant souvent un appui précieux dans le cheminement de chacun.
« Inviter l’enfant à croire en son futur, croire en sa force. Toutes les histoires, tous les vécus, sont proteurs d’espoir et pourront trouver une issue positive. »
Ressentir plutôt que comprendre. Lâcher prise plutôt que suivre un fil. Errer sans but plutôt que de suivre une route. Chercher nos traces plutôt que de suivre les voies toutes tracées. Cortex aborde, dans une approche sensible et poétique, la question de la mémoire comme élément nécessaire dans un processus de construction. Des souvenirs restent, resurgissent, évoluent. Des bribes de vies s’invitent sans crier gare dans notre quotidien. Cortex insiste, certes, sur la place du passé en nous. Sur ce qui nous marque ou nous conditionne. Mais le spectacle propose aussi d’ouvrir une porte, de se rappeler, de transformer, d’accepter. Pour pouvoir avancer.
Remerciements
Merci au CCBW, à Catherine Simon, à Sandrine Mathevon et à Carole Frères.
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